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Les plaques de la Royal Polytechnic Institution et grands formats

La Cinémathèque française possède dans sa collection de magnifiques plaques de verre provenant de la Royal Polytechnic Institution. Ce fonds unique au monde est extraordinaire par sa qualité.

Les plaques de verre peintes à la main de la Royal Polytechnic Institution de Londres constituent une révolution technique et artistique dans la très longue histoire des projections lumineuses. Jamais, depuis que la lanterne magique de l'astronome Christiaan Huygens (1659) s'est échappée du vieux laboratoire de La Haye pour parcourir le monde, on n'avait réalisé des tableaux lumineux aussi soignés, aussi parfaits. L'art des projections a atteint son apothéose à Londres entre 1840 et 1880. Jamais plus, après la fermeture de la Royal Polytechnic en 1882, on ne retrouvera sur les écrans une telle qualité de peinture sur verre, de variations chromatiques, de trucages optiques. La fusion déjà ancienne entre la peinture, l'optique, la magie et la lumière engendre ici un spectacle qu'aucun musée ne pourra jamais nous offrir : des fresques de grande taille, voire gigantesques, traversées parfois d'apparitions et de substitutions inattendues, provoquées par la juxtaposition de figures ; le voyage quasi miraculeux des images et des couleurs de la machine à l'écran ; les figures transparentes et sublimées par la lumière incandescente.

La Royal Polytechnic, 309 Regent Street, était un organisme fondé par George Cayley. Elle se proposait d'offrir un enseignement très bon marché à tous, avec des séances régulières de projections lumineuses, de conférences illustrées, et un gigantesque cabinet des sciences contenant des milliers de pièces et de machines en action. Le public avait ainsi pleinement l'illusion de participer à la grande vogue de vulgarisation scientifique et d'explorations géographiques qui touchait alors l'ère victorienne et le Second Empire français. L'écran de la Royal Polytechnic mesurait environ 8 mètres de hauteur. Des musiciens accompagnaient les séances, des bruiteurs cachés derrière l'écran se chargeaient de donner aux images une ampleur sonore tout à fait particulière. En outre, les projections étaient assurées par quatre, parfois cinq ou six appareils énormes, montés en batterie pour le « dissolving views », ces vues fondantes qui se succédaient les unes après les autres en une parfaite cadence et symbiose. Les images de grands formats étaient projetées par ces puissantes lanternes, elles-mêmes éclairées par des bâtons de chaux portés à incandescence grâce aux flammes du gaz oxhydrique puis, plus tard, par des arcs électriques.

L'iconographie projetée par la Royal Polytechnic était étroitement liée au puissant courant de vulgarisation scientifique européen de l'époque. La direction de la Royal Polytechnic fut l'une des premières à proclamer que « l'éducation de l'œil est, incontestablement, le plus important moyen pour l'instruction élémentaire ». La lanterne allait jouer un rôle capital dans ce courant pédagogique qui trouva son apogée à l'extrême fin du XIXe siècle, avec diverses organisations laïques et catholiques.

La Royal Polytechnic, au cours de sa longue activité, fit appel à de nombreux peintres. Parmi eux, Hill et Doubell figurent certainement parmi les plus doués. On peut citer aussi les noms de Fid Page, Charles Gogin, Isaac Knott, Finden, Frey, Green, Newton, Middleton, Perrin, Clare, Porter, Henry Childe et ses fameux chromatropes, etc.