La collection de la Cinémathèque française

Le fonds – quelque 17 000 pièces – contient des pièces uniques qui sont considérées comme des chefs-d'œuvre par tous les spécialistes : plaques du XVIIIe siècle à la Fragonard, magnifiques grandes plaques de la Royal Polytechnic Institution (années 1830-1860), verres de fantasmagorie, images du peintre Desch, scènes de la vie quotidienne au XIXe siècle, « Life Models » (séries de plaques photographiques racontant une histoire, ancêtre des premiers films de fiction) et même de surprenants clichés surréalistes.

Plusieurs collections ont été rassemblées au fil des années par la Cinémathèque française pour constituer ce fonds : Henri Langlois et Lotte Eisner, premiers animateurs de la Cinémathèque française, ont eu la chance de trouver des pièces exceptionnelles (par exemple les premières plaques Lapierre sur le carnaval à Paris durant les années 1840). Will Day, premier collectionneur d'archives cinématographiques (appareils et films), a acheté des trésors (dont les fameuses plaques de la Royal Polytechnic Institution) : sa collection a été acquise en 1959 par la Cinémathèque. Jac Remise, qui avait accumulé un fonds remarquable de plaques françaises peintes à la main, l'a vendu à l'Etat qui l'a ensuite confié à la Cinémathèque. Enfin, la fondation EDF, depuis 15 ans, a permis d'enrichir considérablement la collection, notamment dans le domaine des Life Models.

Parmi les pièces les plus célèbres, on peut citer le chef-d'œuvre du peintre Hill pour la Royal Polytechnic Institution, Gabriel Grub (d'après Dickens), qui mesure 97 cm de longueur sur 23 cm de hauteur. C'est l'une des plus grandes plaques de lanterne magique. Par sa finesse, par la richesse de ses couleurs, par la virtuosité démontrée dans chaque détail elle constitue, sans nul doute, une sorte d'apothéose triomphale dans l'histoire des projections lumineuses.

Les plaques animées sont nombreuses : fantasmagories avec caches mobiles en mica et laiton, vertigineuses rosaces des chromatropes de Henry Childe préfigurant Saul Bass et Vertigo, cycloïdotropes, eidotropes, choreutoscopes, et autres Wheels of Life (phénakistiscopes de projection).

La Cinémathèque française organise parfois des spectacles de projections lumineuses, réalisés avec une triple lanterne magique des années 1880. Les images, ainsi ressuscitées sur l'écran, provoquent encore aujourd'hui un net émerveillement.